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Des arbustes menacés par la disparition de certains oiseaux

Des arbustes menacés par la disparition de certains oiseaux

Une fleur de Rhabdothamnus solandri © Tonyfoster / Creative Commons / Flickr
Des biologistes démontrent pour la première fois que la disparition de certaines espèces d’oiseaux pollinisateurs met en danger les plantes qu’ils visitent. Une démonstration qui laisse à penser que de nombreuses plantes sont menacées d’extinction. Photo : © Tonyfoster / Creative Commons / Flickr

Une équipe néo-zélandaise de biologistes de l’université d’Auckland a mis en évidence un lien de cause à effet entre la disparition d’une famille d’oiseaux pollinisateurs, les Méliphages, et celle des plantes qu’ils visitent. "On connaissait déjà plusieurs exemples de lien de cause à effet entre plantes et insectes pollinisateurs, mais c’est la première fois qu’une étude met si clairement en évidence un tel phénomène avec des oiseaux", explique Isabelle Dajoz, biologiste spécialiste des écosystèmes à l’Ecole normale supérieure.

Pour parvenir à ces résultats, les biologistes ont étudié une espèce endémique d’arbuste à fleurs, le R. solandri que les Néo-Zélandais nomment "gloxinia". Pour perdurer, ce buisson haut de deux mètres dissémine son pollen par l’intermédiaire de certains oiseaux pollinisateurs de la famille des Méliphages. Pratiquement disparus de la Nouvelle-Zélande depuis l’arrivée des chats et des rats au XIXe siècle, ces oiseaux sont toujours présents sur les îles environnantes.

L’équipe de biologistes a donc pollinisé à la main 79 "gloxinia" sur le continent ainsi que sur trois îles aux alentours. Puis elle a comparé leur production de fruits à celle des arbustes pollinisés de manière naturelle par les oiseaux.

Sur le continent, 22 % seulement des buissons pollinisés sans intervention humaine ont produit des fruits, alors que ce taux s’élève à 54 % sur les îles où les oiseaux sont toujours présents. De plus, sur le continent toujours, les fruits du "gloxinia" sont plus petits et produisent 84 % de graines en moins, preuve que la pollinisation y est non seulement plus rare, mais aussi moins efficace.

Parallèlement à ces observations sur des échantillons relativement restreints, les chercheurs se sont intéressés aux changements subis par les "gloxinia" à l’échelle des écosystèmes. Dans les terres, ils dénombrent moitié moins de jeunes arbustes que dans les îles, signe que cette population se renouvelle moins bien. Ce buisson pouvant vivre jusqu’à 150 ans, son déclin a été graduel depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, c’est pourquoi il était resté inaperçu aux yeux des observateurs.

Comme les oiseaux pollinisateurs vivent moins longtemps que la gloxinia, leur disparition a été mise en évidence bien plus rapidement. Cela crée un décalage temporel entre la disparition rapide des oiseaux et le déclin plus progressif des plantes. C’est pourquoi les biologistes ne découvrent qu’aujourd’hui les conséquences de changements amorcés il y a plus de 100 ans. Mais un tel temps de latence n’est pas forcément une mauvaise chose. "Cette inertie peut jouer en faveur des espèces concernées, car elle laisse le temps de mettre en place des politiques de réinsertion des pollinisateurs", suggère Isabelle Dajoz.

S’il reste difficile d’établir avec exactitude le rôle de chaque espèce dans ces réseaux d’interaction, ce résultat montre toutefois que toute perturbation peut avoir des conséquences néfastes pour tout l’écosystème. Mais le plus important reste sans doute que là où les oiseaux pollinisateurs disparaissent, dans les zones tropicales principalement, les écosystèmes souffrent de la baisse de la biodiversité.



05/03/2011
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