Football . La colonisation capitaliste du monde .
Texte tiré d' un livre paru en 2006 .
« A sa manière, le football est l'expression de la colonisation capitaliste du monde, et son exportation aux quatre coins de la planète – à partir de son lieu d'origine, l'Angleterre – traduit l'extension du processus impérialiste, sa pénétration dans des zones encore vierges, son insatiable appétit de conquêtes et de surprofits. Le football, porté par la vague déferlante du libéralisme contemporain, tend également à pénétrer l'ensemble des pays, mais aussi à affirmer son monopole idéologique dans l'industrie de l'abrutissement qui caractérise le capitalisme avancé. Le football est, en effet, contrairement aux rêveries idylliques des zélotes qui persistent à y voir un élément de la culture, l'une des principales machineries idéologiques de manipulation, d'endoctrinement et de crétinisation des masses. En cela, le football est bien l'idéologie dominante par excellence parce qu'il correspond exactement aux valeurs préconisées par le capital. Comme le note Ernest Mandel : « La structure et l'idéologie de la société du troisième âge du capitalisme créent des modes de comportement reposant sur la contrainte de performance menant au stress et à la névrose et sur la soumission à l'autorité technologique. De tels modes de comportement limitent systématiquement le développement de la pensée et de la conscience critique, mènent au conformisme et à l'obéissance aveugle. » De ce point de vue, le football est bien une forme de tyrannie et d'aliénation parce qu'il favorise la chloroformisation des esprits, l'obnubilation des médias et la sidération des masses : des matches, des buts, des anecdotes, des olas, des hurlements, des insultes, toute la panoplie de l'infantilisation et de la régression au service d'une entreprise de décervelage ou de lavage de cerveau – pour paraphraser Tchakhotine : le viol des foules par la propagande footbalistique. »
L' intégralité de l' article suivant se trouve sur le lien en fin de page.
L'argent de la télévision a révolutionné la compétition sportive. Dotés d'une manne financière largement supérieure à tout autre pays européen (à l'exception du Real Madrid et de Barcelone qui s'appuient sur des socios nombreux et fidèles), les clubs anglais peuvent attirer les meilleurs coaches et joueurs dans le monde. La domination présente du football anglais en Europe n'est que le reflet d'une domination économique. Puisque le football est une entreprise capitaliste, il attire en premier chef les capitalistes. Les clubs de la Premier League appartiennent à de richissimes hommes d'affaires, pour la plupart étrangers et souvent sans aucune attache sportive avec leur club : Manchester United et Liverpool sont aux mains de business men étatsuniens, Manchester City a été racheté par un cheikh d'Abu Dhabi qui a récemment proposé la somme record de 100 millions de livres sterling à l'AC Milan pour s'attacher les services du brésilien Kakà. Des clubs comme Chelsea (avec le russe Roman Abramovich) et Portsmouth (avec le franco-russo-israélien Alexandre Gaydamak) sont détenus par des personnalités aux activités et connections politiques les plus troubles. Notons que la plupart de ces clubs ont des dettes très importantes. Celles-ci sont dues à la spirale inflationniste des salaires des joueurs et au fait que certains clubs ont été achetés à crédit (Manchester United, Liverpool). La situation financière de ces grands clubs est par conséquent des plus incertaines et aléatoires. Un sport sans frontière En décembre 1999, Chelsea fut la première équipe de la Premier League à titulariser 11 joueurs étrangers. Les meilleures équipes du pays (Manchester United, Liverpool, Arsenal et Chelsea) ne sont pas entraînées par des Anglais. Le football anglais, comme le capitalisme financier, ne connaît ni les frontières, ni les restrictions à la libre entreprise et à l'enrichissement infini d'un petit nombre de personnes. Il est significatif que la FA ait proposé l'idée de faire jouer une journée de championnat en Asie ou aux Etats-Unis devant des foules que le monde enchanté de la Premier League fait rêver. En attendant, l'équipe nationale, qui ne peut faire évoluer de joueurs étrangers, continue de végéter dans la médiocrité. Activité capitaliste, « moderne », s'adressant aux classes argentées, le football post-Hillsborough avait tout pour plaire à Tony Blair lorsqu'il parvint au pouvoir. Le premier ministre s'inventa de toute pièce une passion pour Newcastle United (le club à la mode dans les années 1992-98). La Premier League est au football ce que le New Labour est à la social-démocratie : elle apparaît populaire, généreuse et spontanée, alors qu'en réalité elle est l'inverse même de cela.
Quand le football devient capitaliste
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Le football, une peste émotionnelle Par Jean-Marie - Conseil ...
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