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Le Capitalisme se débarasse des accords de Bretton Woods

Noam Chomsky

Note : Les accords de Bretton Woods définissant les règles du système financier mondial ont été négocié sous l’égide de l’ONU en 1944 par les 730 délégués représentant les 44 nations Alliées durant la seconde guerre mondiale. Cette conférence s’est tenue à l’hôtel Mount Washington de Bretton Woods dans le New Hampshire.

Le système de Bretton Woods, qui s’est effondré en 1971, définissait les règles, les institutions et les procédures qui régissaient le système monétaire international, en vertu desquels ont été mis en place la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (qui est aujourd’hui l’une des cinq institutions de la Banque Mondiale) et le Fonds Monétaire International (FMI), qui est entré en vigueur en 1945.

La disposition principale de Bretton Woods faisait obligation à chaque pays d’adopter une politique monétaire maintenant un taux de change fixe de sa monnaie. Le système s’est effondré lorsque les États-Unis ont suspendu la convertibilité du dollar en or. Cela a créé la situation unique dans laquelle le dollar américain est devenu la « monnaie de réserve » pour les autres pays du système de Bretton Woods.

LE  CAPITALISME   SE  DEBARASSE   DES  ACCORD  DE  BRETTON  WOODS . 

La liberté de circulation des capitaux et les libertés démocratiques sont en relation inverse, affirme Chomsky. Le « droit de vote » accordé aux investisseurs, qui peuvent désormais faire tomber une économie en retirant leurs capitaux, équivaut à une interdiction de fait des politiques qui pourraient leur nuire. Keynes, qui fut le négociateur Britannique à Bretton Woods, considérait que le plus grand succès de la conférence avait été la possibilité donnée aux états de restreindre la circulation des capitaux. Le temps est sans doute venu de l’entendre à nouveau. (Contre Info)

La libre circulation des capitaux crée ce que certains ont appelé un « parlement virtuel » des investisseurs et des prêteurs, qui suivent de près les décisions prises par les gouvernements et « votent » contre elles lorsqu’elles sont considérées comme irrationnelles. C’est à dire lorsqu’elles bénéficient aux peuples plutôt qu’aux cercles restreints des puissances du secteur privé.

Les investisseurs et les prêteurs peuvent « voter » soit par une fuite des capitaux, soit par des attaques contre les monnaies et autres moyens d’action offerts par la libéralisation financière. C’est une des raisons pour lesquelles le système de Bretton Woods mis en place par les États-Unis et la Grande-Bretagne après la deuxième guerre mondiale avait institué le contrôle des capitaux et la réglementation du cours des devises.

La Grande Dépression puis la guerre avaient donné le jour à de puissants mouvements démocratiques radicaux, allant de la résistance anti-fasciste aux organisations de la classe ouvrière. Les pressions qu’ils exerçaient ont contraint à accepter que soient menées des politiques sociales-démocrates. Le système de Bretton Woods a été conçu en partie pour ouvrir aux gouvernements un espace d’action permettant de répondre à cette volonté populaire – instituant une certaine dose de démocratie.

John Maynard Keynes, qui négociait au nom des Britanniques, considérait que le plus important succès de Bretton Woods était la mise en place du droit pour les gouvernements de restreindre les mouvements de capitaux.

En un fort contraste avec cette période, dans la phase néo-libérale qui a fait suite à l’effondrement du système de Bretton Woods dans les années 1970, le Trésor américain considère désormais la libre circulation des capitaux comme un « droit fondamental » .

A une époque plus lointaine, l’opinion publique ne posait guère de problèmes. Barry Eichengreen en fournit la raison dans son ouvrage classique retraçant l’histoire du système monétaire international. Il explique qu’au 19e siècle, les gouvernements n’étaient pas soumis à l’influence du « suffrage universel masculin, de la montée du syndicalisme et du travail des partis politiques au parlement ». Par conséquent, le lourd tribut imposé par le « parlement virtuel » pouvait être transféré sur l’ensemble de la population.

Mais avec la radicalisation de l’opinion publique durant la période de la Grande Dépression et de la guerre contre le fascisme, ce luxe n’était désormais plus à la portée des puissants et des fortunés. Ainsi, avec les accords de Bretton Woods, les « limites à la mobilité du capital se substituaient aux limites à la démocratie et isolaient des pressions du marché ».

Le corollaire évident de cette affirmation, c’est qu’après le démantèlement du système de l’après-guerre, la démocratie est à nouveau limitée. Il est donc devenu nécessaire de contrôler et de marginaliser d’une certaine façon les citoyens. Ce processus est particulièrement visible dans les sociétés qui sont dirigées comme des entreprises, à l’image des États-Unis. La mise en scène des extravagantes campagnes électorales par les professionnels de la communication en est une illustration.

« La politique est l’ombre portée des grandes entreprises sur la société », a conclu John Dewey, le principal philosophe du 20e siècle, et elle le restera aussi longtemps que le pouvoir résidera dans les « monde des affaires, mu par le profit privé à travers le contrôle de la banque, de la terre, de l’industrie, renforcé par celui de la presse et autres moyens de publicité et de propagande ».




28/10/2011
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