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Synchrotron . Voir la couleur des dinosaures

Comment connaître la couleur des plumes d'oiseaux fossilisés depuis 100 millions d'années? En les passant aux rayons X... pour révéler les anciens pigments.

Frustrés de ne pas connaître les couleurs de la peau, des plumes ou des écailles des fossiles qu’ils ont entre leurs mains, les scientifiques tentent par tous les moyens de faire parler ces pièces à convictions. Une équipe vient de publier dans la revue Science (1er juillet 2011) de nouveaux résultats obtenus sur des oiseaux vieux de plus de 100 millions d’années. Des rayons X émis par un synchrotron ont permis de mettre en évidence des traces de métaux dans les fossiles, révélant par ricochet la coloration foncée des plumes.

Les couleurs des plumes –comme celles des cheveux chez les humains- dépendent de pigments produits par les mélanosomes, organites des mélanocytes. De précédents travaux sur les couleurs des dinosaures à plumes se sont concentrés sur l’analyse de ces mélanosomes, qui produisent la mélanine, et dont la forme est liée à la couleur du pigment (lire Les vraies couleurs d’un dinosaure). Cependant il faut pour cela prélever de petits échantillons sur les fossiles.

Roy Wogelius et ses collègues de l‘Université de Manchester (GB), Phil Manning et Uwe Bergmann, ont suivi une autre piste, qui ne requiert aucun prélèvement. Ils ont utilisé l’accélérateur américain du SLAC, en Californie, pour révéler grâce aux rayons X la présence de métaux à l’état de traces sur deux fossiles d’oiseaux. Le cuivre est en effet associé à la présence d’eumélanine, le pigment allant du rouge-brun au noir (alors que l’autre pigment produit par les mélanosomes, la phaeomélanine, va du jaune au rouge).

Les chercheurs obtiennent ainsi une distribution très nette du cuivre dans les plumes de Confuciusornis sanctus, premier oiseau à bec connu, vieux de 120 millions d’années, et de Gansus yumenensis, l’un des plus vieux oiseaux modernes, âgé de 100 millions d’années. Cela ne permet pas encore de donner toute la palette de couleurs de ces oiseaux mais de déterminer les parties les plus foncées du plumage.

Des analyses complémentaires ont été menées par cette équipe internationale pour s’assurer que le cuivre était bien associé aux pigments et qu’il n’était pas lié à la fossilisation. Des comparaisons menées entre des fossiles et des animaux récemment décédés ont permis de confirmer l'association entre la répartition du cuivre et la couleur foncée –comme par exemple dans la poche d’encre d’un poulpe.

Les chercheurs poursuivent leurs travaux sur d’autres métaux afin d’élargir la palette de couleurs dont ils disposent pour peindre en teintes réelles ces animaux disparus.




05/07/2011
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