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Fabriquer de l' épiderme à volonté .

Fabriquer de l'épiderme humain à volonté

A partir de cellules souches embryonnaires humaines, une équipe française est parvenue à reconstituer un épiderme entier et fonctionnel. Une première mondiale.

Disposera-t-on un jour d'épiderme humain en quantité illimitée pour soigner les grands brûlés dès leur arrivée à l’hôpital ? Réalisée par une équipe d’I-Stem à Evry, la reconstitution d’un épiderme entier à partir de cellules souches embryonnaires humaines le laisse espérer (1). En effet, sous réserve de sa validation par essai sur l’homme, ce type d’épiderme pourrait être créé dans des unités de production fonctionnant en continu. Il constituerait ainsi une réserve transplantable à la demande. Car aujourd’hui, il faut trois semaines pour obtenir une surface suffisante d’épiderme par culture in vitro d’une partie indemne de la peau des patients. Mis à part ce problème de délai, ce type de greffe dite « autologue » fonctionne bien. La nouvelle méthode serait donc plutôt une alternative à la greffe de peau de cadavres qui protège le malade durant ces trois semaines critiques. « Compte tenu de l’immaturité immunologique des cellules souches embryonnaires, l’épiderme issu de notre technique ne devrait pas être rejeté pendant cette période, estime Marc Peschanski, directeur scientifique d’I-Stem. En outre, il serait produit en conditions sanitaires parfaitement contrôlées. »

Chronobiologie. Pour réussir cette première mondiale, les chercheurs ont exploité la capacité des cellules souches embryonnaires à se multiplier indéfiniment et à engendrer n’importe quel type de cellules différenciées. La première étape a donc consisté à mettre au point un environnement cellulaire et un traitement pharmacologique favorables à leur différenciation en kératinocytes. Ce sont en effet ces cellules qui permettent le renouvellement permanent de la peau. Les biologistes ont alors appliqué le traitement durant quarante jours, durée qu’il faut normalement à un embryon pour former son épiderme. « C’est sans doute ce respect de la chronobiologie qui nous a permis de réussir là où d’autres équipes avaient échoué, indique Marc Peschanski. In vitro, les kératinocytes ainsi obtenus ont généré un épiderme entier et parfaitement fonctionnel. Douze semaines  après sa greffe sur des souris au système immunitaire affaibli pour éviter un rejet, cet épiderme a présenté les mêmes caractéristiques qu’un épiderme humain adulte normal », ajoute le chercheur.

Essai clinique. Pour l’équipe de Marc Peschanski, le lancement d’un essai sur l’homme est techniquement réalisable dans un délai de deux ans. « Ces travaux constituent un superbe travail expérimental, mais de nombreuses étapes sont encore nécessaires, tempère toutefois Jean-Jacques Lataillade, responsable du département thérapie cellulaire à l'hôpital militaire Percy de Clamart, institution pionnière dans la greffe des grands brûlés. En effet, il faudra précisément évaluer les risques de rejet et d’apparition de tumeurs. Enfin, le challenge reste de produire une peau entière comprenant non seulement l’épiderme, mais aussi le derme. Ce dernier est en effet indispensable pour la réussite de la greffe autologue.



09/02/2010
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